[MÉLODINOTE] Chargé•e de production et de diffusion

Secteur d’activités : Musique, Spectacle vivant, Jeune public, tournée, disque
Type(s) de contrat proposé(s) : CDDU
Temps plein 35h/s
Salaire : à débattre selon expérience
Lieu de Travail : Mérignac (33)
Période : à partir de juillet 2022

 

À propos de Mélodinote :

La structure Mélodinote s’est créée en 2006 à Bordeaux et son action se situe autour de la production et la diffusion de concerts. Mélodinote dispose d’un catalogue d’artistes musiciens et les accompagne dans la tournée (recherche de dates de concerts, relations programmateurs) et le développement de leurs projets musicaux (gestion de la production, recherche de lieux de résidences, aide à la communication…). Une activité Label s’exprime également dans la production phonographique d’albums des artistes du catalogue, ainsi qu’un choix de se diversifier avec la proposition de spectacles musicaux Jeune Public.

Très attachée aux notions de partage et d’échange, Mélodinote s’est développée au fil des rencontres humaines et artistiques, tout en conservant le fil rouge de l’acoustique, principal dénominateur commun entre les formations accueillies au sein de la structure. Une couleur musicale qui ne s’est pas démentie, mêlant jazz et musiques du monde.

 

Le catalogue :
• Jeune Public : CIE GONDWANA (Cirque & Musique du monde) ; DUOLOGIE (Jazz – Rencontre du bout des doigts)
• Musique : CHET NUNETA (Polyphonies du monde & percussions) ; DOOLIN’ (musiques irlandaises) ; HOT SWING SEXTET (Jazz Swing) ; DRÔLE DE JAZZ (Théâtre musical humour) ; YOUPI 4TET (Jazz)

Mélodinote est :
• membre du RIM (Réseau des Indépendants de la Musique en Nouvelle-Aquitaine),
• membre du Réseau ZONE FRANCHE (Réseau français des Musiques du monde),
• membre de la FELIN (Fédération Nationale des Labels Indépendants),
• membre de la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques),
• membre du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles),
• membre du RAMDAM (Réseau National des Professionnels du Spectacle Musique Jeune Public),
• affilié au CNM (Centre National de la Musique),
• soutenu par le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et le Département de la Gironde,
• soutenu ponctuellement par la SPEDIDAM, l’ADAMI, le CNM, la SACEM…

Poste polyvalent proposé dans une recherche d’épanouissement professionnel dans le secteur musical afin de mettre ses compétences au service des artistes dans une globalité de projets. Tâches diverses et variées.

Description du poste :

ADMINISTRATION / PRODUCTION
• Gestion administrative des contrats de cession en relation avec l’autre salarié
• Élaboration des fiches de payes (logiciel), des CDDU et des factures clients
• Aide aux montages de budgets de production des projets artistiques avec demandes de subvention

COMMUNICATION
En relation avec notre chargée de com. :
•  Suivi de la promotion et communication de nos artistes lors des évènements
•  Aider la chargée de com sur les invitations Pro (mails, téléphone, relances)

BOOKING
• Prospection, diffusion de nos artistes au national et l’étranger
• Apporter une stratégie propre au développement de l’artiste et de sa diffusion
• Prospection de nouveaux partenaires notamment à l’export
• Travail sur logiciel de Booking : Orféo (équivalent Bob) pour suivi journalier de relances et envois de mails de prospection
• Logistique : calculer les frais de logistique d’une tournée ou d’un concert (transport, hébergement, repas)

Profil recherché :

• Une expérience d’au moins un an minimum dans un poste similaire
• Formation/diplôme : Management culturel, Médiation culturelle, Métiers de la culture et/ou expérience dans le domaine culturel
• Intérêt artistique prononcé pour notre catalogue
• Anglais courant (lu, écrit, parlé) (souhaité)
• Connaissance du réseau professionnel de la filière des musiques actuelles (Salles de concerts, Centres culturels, Festivals…)
• Connaissance des Sociétés Civiles et Organismes professionnels voies d’aides à la culture (CNM, SCPP, SACEM, ADAMI, SPEDIDAM, etc…) (apprécié)
• Maîtrise des outils du pack office (Word, Excel) et environnement mac
• Connaissance de la législation du spectacle (droit du travail, droit d’auteur…) (requis)

 

Qualités requises :

• Sens du relationnel (sérieux, dynamique, impliqué, à l’aise au téléphone)
• Sens de l’organisation et du travail en équipe, autonomie, dynamisme et réactivité
• Polyvalence, adaptabilité, patience et persévérance
• Disponibilité pour les événements professionnels (salons pro, réunions de réseaux…)

Candidature uniquement par mail à l’attention de la Présidente Melle Lucie TA QUANG : info@melodinote.fr

TRANSCIENCE OF LIFE – Elysian Fields

 

  • Album : TRANSCIENCE OF LIFE
  • Artiste : ELYSIAN FIELDS
  • Date de sortie : 22/09/2020
  • Label : MICROCULTURES

Transience of Life, album concept tiré du vénérable roman chinois Dream of the Red Chamber, place l’auditeur dans un paysage onirique à l’atmosphère électro-acoustique, ponctuée du rock noir mélodique caractéristique du groupe. Les morceaux dépeignent les scènes hantées d’un conte de fées abordant le destin et la perte. C’est aussi un document social dont les thèmes du bouleversement et de la perte d’autonomie résonnent encore à notre époque.

Le roman du 18ème siècle de l’auteur Cao Xueqin, peu connu aujourd’hui des lecteurs de l’Ouest, est une épopée nationale, qui, dans la littérature chinoise, tient un rôle comparable à celui de Shakespeare dans le monde occidental. Son intrigue basée sur un couple de jeunes aristocrates dont la relation amoureuse est condamnée ne peut d’ailleurs que faire penser à Roméo et Juliette. En dépit de cette ressemblance, Dream of the Red Chamber est bien plus singulier dans ces thématiques. Sexualité, servitude, pouvoir, destin et surnaturel s’écharpent dans un environnement doublement étranger : parce qu’il est aux confins du monde et parce qu’on car on y voyage dans un temps ou le déclin de la dynastie Qing était réel.

Le metteur en scène Jim Findlay a demandé à Jennifer Charles and Oren Bloedow de composer une musique inspirée des poèmes que Cao Xueqin a écrits pour son roman. Alors que le duo new-yorkais travaillait sur ce projet, il se rendit compte de la proximité de celui-ci avec sa propre esthétique. L’humeur naïve et les thèmes de l’amour, de la désillusion, du souci et du chagrin se marient parfaitement avec la sensibilité du groupe. L’idée de la fugacité de toutes choses est depuis longtemps un sujet central dans l’oeuvre d’Elysian Fields, et, dans ces vers anciens, le groupe a trouvé l’âme soeur.

Ayant terminé cette collaboration, Jennifer et Oren décidèrent de continuer leur travail sur d’autres poèmes de Xueqin pour le plaisir. Par la suite, ils invitèrent le poète Lu Chen a co-écrire une chanson. Un dernier morceau a été trouvé dans l’oeuvre de Warren Zevon, dont le titre « Indifference of Heaven » semble presque tiré des mêmes pages. Le producteur et collaborateur de longue date d’Elysian Fields, Thomas Bartlett, pilota les sessions d’enregistrement, incorporant brillamment les performances du batteur Sam Levin et du virtuose de Piri / Saengkwang Gamin Kang.

L’ALBATROS – Phaon

 

  • Album : L’ALBATROS
  • Artiste : PHAON
  • Date de sortie : 02/10/2020
  • Label : LIMOUZ’ART

Après « Triptyque », 3 titres sortis en novembre 2018, le groupe affirme sa sonorité. Un deuxième album est à venir pour octobre 2020. « L’Albatros », enregistré au Garage Hermétique (Nantes) dévoile une signature singulière ; une production léchée, aux mélodies addictives ; une pop aventureuse se mêlant à des paroles toujours plus équivoques.

En français dans les textes, Phaon jongle avec les sons, les textures. Des mélodies lumineuses se mêlent à des mots sombres, aux multiples sens.

[FELIN] Les distributeurs physiques rejoignent la Fédération Nationale des Labels

Depuis 2009, la Félin défend la place du disque physique parce qu’elle est centrale dans l’économie des labels indépendants TPE. En effet, 50 à 80% de leur chiffre d’affaires est généré par les ventes de disque physique. Une tendance qui n’est toujours pas démentie 10 ans plus tard, sans compter les nouvelles perspectives de développement importées d’un marché du vinyle américain en pleine explosion.

Aujourd’hui les distributeurs se réinventent, au delà de la pseudo opposition numérique / physique qu’ils voient plutôt comme complémentaires. Parce que l’objet disque est toujours le support physique de l’œuvre musicale, que sans lui c’est tout un secteur qui est impacté : la scène, la promotion.

Parce que leur travail se fait en grande partie sur le terrain, ils visent à ce que les CD et vinyles soient mis en place dans les rayons des grandes enseignes, des médiathèques, des disquaires indépendants au sein d’un maillage territorial maitrisé, des métropoles à la plus petite commune.

Labels et distributeurs indépendants sont, à ce titre, des professionnels qui appartiennent pleinement à la chaine de valeur de la musique. Leur ADN se retrouve dans la défense de la diversité culturelle, à travers la variété des esthétiques musicales qu’ils représentent. Des esthétiques qui ne connaissent pas toutes la bascule du streaming, nous pensons au rock, à la chanson, la pop française, au jazz, aux productions locales avec un fort ancrage territorial…

La Félin travaille, depuis 5 ans, à des solutions concrètes avec tous les distributeurs, pour renforcer leur compétitivité sur le marché de la distribution. A travers des politiques publiques notamment, tel que l’accès à l’aide à l’innovation et à la transition numérique de la DGMIC.
C’est donc naturellement que leur rencontre s’officialise aujourd’hui, avec la formalisation d’un regroupement des distributeurs physique et numérique indépendants, au sein de la Félin.

Dans un contexte de création du Centre National de la Musique, maison de toutes les musiques, de toutes les esthétiques qui a pour objet de réunir toute la filière, la Félin s’attachera désormais à défendre avec la même énergie les labels indépendants TPE et les distributeurs physiques et numériques.

 

[INTERVIEW] JC présente Microcultures : production musicale à la carte

Microcultures Records, label indépendant basé à Poitiers, créé par Jean-Charles Dufeu en 2010 propose une nouvelle version de son site internet, plateforme destinée aux artistes voulant s’auto-produire dans de bonnes conditions. L’occasion pour le RIM d’aller faire un tour chez Microcultures, de revenir sur les activités du label et de conjecturer sur l’avenir du disque…

Cet article a été réalisé par Hugo, volontaire en service civique au RIM.

RIM : Bonjour Jean-Charles, peux-tu nous définir Microcultures en quelques mots ?

Jean-Charles Dufeu : C’est une structure de production musicale composée d’un label indépendant et d’une structure d’accompagnement. Cette dernière propose un service à la carte aux artistes auto-produits qui ont des besoins un peu spécifiques auxquels on peut répondre en production exécutive.

RIM : Comment la structure s’est-elle créée ?

JCD : Elle a été créée fin 2010 par deux associés (le deuxième associé ne fait plus partie de la société), je venais de quitter Amazon pour qui j’ai travaillé 4 ans, pour monter Microcultures. Cela s’est fait de façon classique et rudimentaire avec les moyens du bord, on a investi chacun 10 000 € à l’époque, un capital assez modeste mais qui nous permettait de lancer l’activité. Une activité de production, de label indépendant mais avec un système de financement participatif, c’était à l’époque assez nouveau en France et cela s’est largement développé depuis. Ce système-là était un moyen pour nous de financer nos projets, on testait à la fois le marché de la musique et de la production ainsi que le crowdfunding qui était nouveau pour tout le monde y compris pour nous.

RIM : Le crowdfunfing a été un peu le fer de lance du projet…

JCD : Ce fut un outil important dans le fonctionnement, qui nous semblait intéressant, que ce soit pour des raisons économiques afin d’équilibrer un budget fragile ou pour des questions de communication, de nouveaux usages, de communauté, de marketing… Cette double identité musique et crowdfunding fut assez déterminante pour nous. Les gens nous identifient un peu au deux encore aujourd’hui même si on prend peu à peu nos distances avec ce système.

La proximité, l’activité, la bienveillance institutionnelle et le financement… Ce sont plutôt de bonnes nouvelles et des facteurs de développement que je n’anticipais pas.

RIM : Le déménagement depuis Paris vers Poitiers et dans la région Nouvelle Aquitaine a-t-il permis de trouver un cadre propice au développement de la structure ?

JCD : Eh bien oui. Ce n’était pas un déménagement pour raison professionnelles mais personnelles, sans attentes particulières car je ne connaissais ni Poitiers ni la région, j’y allais en toute naïveté, mais ça a été une bonne surprise. Cela fait deux ans maintenant que je suis ici et que Microcultures à déménagé son siège social. Les points positifs :

  • La bienveillance et l’accueil du réseau des acteurs locaux (autres labels, structures d’accompagnement, le RIM…). Il y a un tissu très favorable aux rencontres, les gens ici se connaissent tous dans le milieu de la culture vu que c’est une petite ville. À Paris on a un peu ce phénomène là mais il y a une forme de concurrence/compétition. Ce n’est pas le cas à Poitiers et c’est très agréable, on rencontre très vite les gens, ça va vite de prendre un café, de faire connaissance… Ce qu’à Paris, on ose peut être moins faire. Même dans d’autres secteurs hors de la culture, on retrouve ce côté là.
  • La deuxième bonne surprise est que l’ex Poitou-Charentes était une région ayant l’habitude d’investir dans la culture. On le ressent à l’échelle du label, il y a des financements qui existent et qui sont abordables mais surtout des gens dont c’est le métier sont là pour nous rappeler que ces financements existent, ce n’est pas le cas à Paris.
  • Troisième point, la scène musicale est très active dans la région. C’est quand même agréable d’arriver dans une ville où l’on sent qu’il se passe quelque chose. À l’échelle des artistes, il y a pas mal de dispositifs qui existent, un tissu porteur (festivals, initiatives, événements) une activité que l’on ressent tout de suite… C’est assez plaisant tout ça, la proximité, l’activité, la bienveillance institutionnelle et le financement… C’est plutôt de bonnes nouvelles et ce sont des facteurs de développement que je n’anticipais pas. Je ne suis pas venu ici par opportunisme mais je suis agréablement surpris, c’est sans regret.

RIM : Votre travail s’articule entres deux axes principaux : la production de disques et l’accompagnement d’artistes : peux-tu décrire en détail le processus suivi pour mener à bien ces deux missions ?

JCD : Il y a deux branches assez distinctes dans le modèle économique mais les deux sont très liées. Ce qui va distinguer notre position de producteur de notre position d’accompagnateur c’est la relation que l’on va avoir avec les artistes.

  • En tant que producteur/label, notre position implique une prise de risque, un investissement financier, opérationnel, de temps, d’énergie, émotionnel car on investit une relation avec l’artiste. Ce sera récompensée ou non, que ce soit financièrement ou sous d’autres formes (en terme de notoriété, marque ou réseau). On est  dans le même bateau que l’artiste, ça ne marchera pour nous que si ça marche pour lui. On est sur un engagement contractuel, nous sommes éditeurs et l’artiste nous cède ses droits pour plusieurs années. Le plus souvent, on s’engage sur cette partie avec des artistes avec qui on a un historique, parce qu’on à déjà eu une première expérience en production exécutive.

En tant que producteur / label, on est dans le même bateau que l’artiste, ça ne marchera pour nous que si ça marche pour lui.

  • L’accompagnement, ou production exécutive, en fait c’est très similaire. Notre boulot c’est de sortir un disque dans les meilleures dispositions possibles, coordonner la promotion, la distribution, la fabrication, de conseiller, d’encadrer, de manager… En production exécutive on agit en tant que prestataire : juridiquement, on n’a pas de lien contractuel avec notre artiste. Il s’accorde avec nous sur la prestation qu’il veut viser, elle est cadrée mais elle lui assure toute sa liberté artistique, sa liberté de décision. C’est lui qui a le « final cut » sur les décisions stratégiques, nous allons avoir un rôle de consultant, de manager. L’artiste a pleine propriété de ses œuvres et disques, de son répertoire… On est dans un rôle de prestation où nous allons faire en sorte que cela se passe le mieux car notre rémunération va en dépendre, c’est une relation cadrée par un devis, une relation commerciale où on répond à un besoin d’un artiste, on l’identifie, on le chiffre… Par exemple si l’artiste à besoin de faire presser 500 disques digipack avec livret 12 pages on va faire un devis pour ça, il donne son accord ou non, puis nous nous rémunérons généralement en prenant une commission de gestion.

En production exécutive, on agit en tant que prestataire : juridiquement, on n’a pas de lien contractuel avec notre artiste

                 Jean-Charles Dufeu dans les locaux de son label

RIM : Vous êtes répartis sur trois sites de travail (Bruxelles, Paris et Poitiers), peux-tu nous présenter l’équipe ? Comment vous organisez vous au quotidien ?

JCD : On avait mis ça sur l’ancien site internet mais c’est plus du marketing… J’ai un associé à Bruxelles qui peut initier des projets là bas. Il n’intervient pas pour la structure au quotidien mais de façon plus ponctuelle. En revanche sa présence est réelle. Pour le cas de Paris c’est moins usurpé car j’y ai tout d’abord passé 15 ans dans le cadre de Microcultures mais on a aussi une intervenante à Paris qui travaille au quotidien pour nous et avec qui on est en contact très régulièrement. Au quotidien on est essentiellement trois :

Margot Beck à Paris en freelance depuis trois ans pour nous, il y a une vraie relation partenariale, elle s’occupe de toutes les demandes de subventions pour la structure ou les artistes, de la comptabilité, de la gestion et de l’administration dans sa globalité et elle fait occasionnellement de l’accompagnement d’artistes sur les questions de financement participatif.

Judicaël Dacosta est plus positionné sur la gestion du label et prestation de service sur toute la partie production exécutive. Sur les questions de fabrication il gère les devis, les coûts, les questions techniques relatives à la fabrication, au BAT (Bon à tirer avant de fabriquer le disque, c’est l’aperçu du résultat avant l’impression), aux validations graphiques… Il connaît très bien les questions de distribution et ses compétences lui permettent d’avoir une bonne expertise budgétaire…

– Et moi je coordonne le tout, je suis à la direction artistique du label en relation avec tous les artistes signés, je choisis les disques diffusés ou non.

RIM : Votre principe de production de disques repose sur le financement participatif, pourquoi ce choix en particulier ? Comment vois-tu l’évolution de ce modèle sur le long terme ?

JCD : Ce n’est pas le seul schéma du modèle économique, ça fait partie de notre ADN et notre identité initiale, j’y suis toujours très attaché. Cela fait partie du modèle car c’est un excellent outil, c’est flexible, modulaire, on en fait ce que l’on veut, il n’y a aucune contrainte de timing, financièrement les artistes ou partenaires de projets peuvent se fixer les objectifs qu’ils souhaitent. C’est un outil qui a une valeur ajoutée incroyable quand il est bien maîtrisé. Mais il y a à boire et à manger, il y a eu pas mal de dérapages où le financement participatif était utilisé à tord et à travers.

Comme tout nouveau système on passe par plusieurs phases :

  •  Première phase : Celle des débuts, tout le monde est très enthousiaste et dithyrambique. 
  • Deuxième phase : Après un certain temps d’adaptation, on met en avant les limites et on dénigre l’outil.
  • Troisième phase : Au bout de plusieurs années, on est plus objectif sur le système. On en vient à peser le pour et le contre et à mieux l’utiliser.

En France on se situe à la fin de la phase deux. Personnellement, je pense que le financement participatif est bien en terme de communication et de production. Mais d’un autre côté on voit des artistes qui se cassent les dents dessus, ils sont sur un vecteur de communication où ils sont culpabilisants ou absents. Le crowdfunding n’est ni bon ni mauvais en soit, ça peut être un super outil.

Quand le financement participatif est bien utilisé, cela peut être un superbe outil

 

RIM : Jusqu’à tout récemment, votre site internet, une plateforme de diffusion et de promotion pour les artistes de votre label est en V3. La nouvelle version du site est sortie, quelles nouveautés apporte-t-elle ?

JCD : La nouvelle version du site est la plateforme la plus satisfaisante pour nous mais également la plus simple techniquement et en terme d’usage.
Elle synthétise ce qu’on fait depuis deux ou trois ans sans communiquer dessus, c’est un site de service vraiment à disposition des artistes qui va proposer nos prestations sur l’ensemble de la chaîne de production et qui va présenter l’ensemble des activités sur lesquelles on pourra se positionner.

Le crowdfunding sera une des portes d’entrée non obligatoire mais ce ne sera pas la seule. C’est un pur site de ressources et d’informations, de premiers conseils pour auto produire son disque, les questions à poser, les erreurs à éviter et évidemment une porte d’entrée qui pourra nous permettre de nous positionner sur les besoins exprimés par les artistes.

C’est une innovation d’usage et pas du tout une innovation technique, qui d’ailleurs a été largement soutenu par la région Nouvelle Aquitaine. Notre site est en fait une vitrine, un flyer en ligne qui permet d’accéder à nos services qui proposent une solution, une alternative entre auto production et le label. C’est un peu la troisième voie entre la veille industrie classique – où la recherche du label était indispensable – et la voie de l’auto production complètement DIY (Do It Yourself) où l’artiste fait tout lui même. A mon sens, l’artiste ne peut pas absolument tout gérer tout seul, on ne peut pas être bon partout. Nous pouvons prendre le relais sans pour autant être label et prendre des droits sur les chansons.

RIM : Judicaël Dacosta, prestataire de Microcultures, possède également un autre label «Only Lovers Records», vos deux labels sont adhérents au RIM. Travaillez-vous en collaboration avec d’autres structures/adhérents du réseau ?

JCD : Oui ça peut être le cas mais à mon goût on ne le fait pas assez. On a monté une soirée avec le Confort Moderne, on avait fait une soirée avec le Plan B qui n’existe plus malheureusement… Maintenant qu’on va avoir un outil clair, on sait quoi en faire et comment l’utiliser, c’est vraiment quelque chose qu’on a envie de développer. On veut se faire connaître au sein du réseau et communiquer sur notre outil qui aurait l’option d’être utilisé par d’autres labels. On a un peu travaillé de façon informelle avec Talitres à Bordeaux, on espère qu’on pourra le formaliser avec notre nouvelle mouture de site…

En fait on n’a pas vraiment pour l’instant de logique de partenariat très formalisé, chose que l’on aimerait bien faire par exemple avec Poitiers Jeunes ou le Confort Moderne, avec des studios, avec des salles de concerts de la région… il y a plein de choses à faire. Il y a aussi d’autres plateformes, je pense notamment à Purple Base à Bordeaux qui propose des services aux artistes, du booking… C’est aussi quelqu’un avec on pourrait collaborer. Il y a plein de synergies possibles, depuis qu’on est arrivé on a pas encore fait beaucoup de communication, on était plutôt dans une période de remise en question dont on est en train de sortir avec ce nouvel outil. On pourra aborder ces questions de partenariats, de collaborations désormais.

RIM : Comment vois-tu le futur de la scène indépendante, de la musique enregistrée ainsi que du support physique ?

JCD : On est obligé d’y réfléchir, parce que quand on voit les relevés de ventes, quand on discute avec les distributeurs, avec les attachés de presse, ces questions là affleurent tout de suite. Alors évidemment les signaux ne sont pas forcements très encourageants notamment pour les distributeurs, le corps de métier le plus affecté par la crise du disque, mais mon opinion est que les règles sont en train de changer. Le CD est un support en train de terminer sa course, il y a aussi une forme de nostalgie par rapport à ça…

RIM : Le support physique semble être devenu une sorte d’objet de collection…

JCD : Oui il y a aussi cette forme de bibliothèque, les gens ne sont pas forcément prêts à jeter leur livres même si ils ont des liseuses… Le streaming, le téléchargement, c’est quelque chose qui peut être très excitant aussi, on en est qu’aux premières années. Il y a plein de choses à explorer, pour tirer son épingle du jeu il faut commencer à se soucier très sérieusement de ces problématiques là, chose que nous ne faisons pas assez à Microcultures, ou du moins trop peu, mais certains distributeurs historiques du marché ne le font pas du tout.

Le numérique doit être une des priorités de réflexion, mais à côté de ça de nouvelles choses sont apparues comme le crownfunding.  Il y a aussi des perspectives de développement qui vont un peu changer, on va vendre peut être un peu moins de disques dans 5 ans, mais un travail sur la musique à l’image, les playlists, le streaming peut compenser. On ne peut pas regretter cette évolution, on ne reviendra pas à l’âge d’or du CD, du support physique… Il faut accepter l’idée que ça devient un marché de niche, pour collectionneur, mais ça reste un marché ! Il faut l’aborder comme tel en privilégiant peut être des objets un peu collectors, une peu luxueux… Nous devons réussir à recréer de la valeur.

Ma vision du marché à venir n’est ni optimiste, ni pessimiste, il va y avoir plein de changements. Nous ne maîtrisons pas encore ce qu’il va se passer, il faut être à l’affût, faire preuve d’adaptabilité, se montrer assez réactifs, ne pas s’accrocher aux vieux standards car ce n’est pas comme ça que ça va marcher. Quelque chose est en train de se dessiner, peut être que la distribution dans 5 ans ou 10 ans n’aura plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui.

 

Questions Bonus

 

RIM : Quel est le premier album de musique que tu as acheté ?

JCD : Le premier album que j’ai acheté avec mes économies était « Off The Ground » de « Paul McCartney »

RIM : Quel projet d’une autre structure te fait rêver ?

JCD : Plusieurs projets portés par des jeunes structures sont excitants, parmi ceux dont j’aime le principe, il y a « Groover », qui est une plateforme de promotion pour les artistes et attachés de presse.

RIM : Peux-tu nous citer ton souvenir le plus marquant dans le milieu musical ?

JCD : Mon premier concert de rock, j’y suis allé avec mon grand frère sans les parents, c’était Jeff Buckley, c’est un peu étonnant car sa notoriété à explosé après sa mort, j’avais écouté son album à sa sortie… J’avais 14 ans et c’était un concert assez marquant, ça a été assez fondateur, 80 % des choses que j’écoute sont liées à mon adolescence.

RIM : Ton dernier coup de cœur musical ?

JCD : « Queen of the Meadow » dont l’album est sorti fin octobre, un très beau disque, belle découverte sur les derniers mois. Sur l’année je dirais « Laish », un vrai coup de cœur. Sinon mon coup de foudre de ces deux dernières années, c’est un groupe du label, ce qui est plutôt rassurant ! C’est un groupe Français : « Nesles » et son album « Permafrost ». C’est mon album fétiche de 2017, un album coup de foudre de ces 24 derniers mois.

RIM : Un son à nous faire écouter ?

JCD : Vous pouvez piocher dans toute cette sélection, mais je dirais « Empty Room » de « Queen of the Meadow ».

 

 

 

Interview réalisée le 29/11/18.