IN AND OUT OF THE LIGHT – The Apartments

 

  • Album : IN AND OUT THE LIGHTS
  • Artiste : THE APARTMENTS
  • Date de sortie : 18/09/2020
  • Label : TALITRES

Écrire que The Apartments entretient une relation particulière avec le public français serait un euphémisme.

En 2015, Peter Milton Walsh, la plume et la voix du groupe australien, mettait fin à 18 ans d’attente en dévoilant sur le label Microcultures, No Song, No Spell, No Madrigal. Un album de deuil et d’adieu, déchirant à bien des égards, empreint surtout d’une beauté et d’une pudeur ineffables.

Bien avant, au mitant des années 80, un groupe d’étudiants organisait à Tours l’un des premiers concerts français de la formation. Hommage leur soit ici rendu. Les diamants noirs des Australiens sont devenus depuis de véritables compagnons de route. En 2009, le journaliste Emmanuel Tellier convint Walsh de remonter sur scène. L’histoire bégaye, parfois pour le plus grand bonheur de nombre d’entre nous.

L’enregistrement de In and Out of the Light, le septième album studio de The Apartments, débute à Sydney mi-2019 où résident Peter Milton Walsh et Eliot Fish (basse), et se parachève en début d’année, quelques jours avant le début du confinement en Australie. Entre temps en France (Natasha Penot et Antoine Chaperon) ou à Londres (Nick Allum), diverses pièces instrumentales furent enregistrées, pour finalement rejoindre les compositions.

Au fil de ces 8 titres, on accompagne des personnages qui, à la suite d’une perte ou d’un changement brutal, partent à la recherche de nouvelles voies et de nouvelles espérances. « They drove on through the fading light. I’ll never leave you, that’s what I said, I’ll never leave you » chante Peter Milton Walsh sur le titre final de ce nouvel opus. Tout est là. Éternelle mélancolie, éternelle élégance.

Peter Milton Walsh forme le groupe The Apartments à Brisbane en 1978, collabore avec The Go-Betweens en tant que guitariste alors qu’ils signent avec le label Beserkley Records, avant de quitter l’Australie pour rejoindre New York puis Londres quelques années plus tard. Il intègre la maison de disques anglaise Rough Trade et publie son premier album studio en 1985 « The Evening Visits … and Stays For Years ». New Rose publie « drift » en 1992 (réédité par Talitres en CD en 2010 puis en format vinyle fin 2017).

Le groupe sera en tournée européenne début 2021.

TRANSCIENCE OF LIFE – Elysian Fields

 

  • Album : TRANSCIENCE OF LIFE
  • Artiste : ELYSIAN FIELDS
  • Date de sortie : 22/09/2020
  • Label : MICROCULTURES

Transience of Life, album concept tiré du vénérable roman chinois Dream of the Red Chamber, place l’auditeur dans un paysage onirique à l’atmosphère électro-acoustique, ponctuée du rock noir mélodique caractéristique du groupe. Les morceaux dépeignent les scènes hantées d’un conte de fées abordant le destin et la perte. C’est aussi un document social dont les thèmes du bouleversement et de la perte d’autonomie résonnent encore à notre époque.

Le roman du 18ème siècle de l’auteur Cao Xueqin, peu connu aujourd’hui des lecteurs de l’Ouest, est une épopée nationale, qui, dans la littérature chinoise, tient un rôle comparable à celui de Shakespeare dans le monde occidental. Son intrigue basée sur un couple de jeunes aristocrates dont la relation amoureuse est condamnée ne peut d’ailleurs que faire penser à Roméo et Juliette. En dépit de cette ressemblance, Dream of the Red Chamber est bien plus singulier dans ces thématiques. Sexualité, servitude, pouvoir, destin et surnaturel s’écharpent dans un environnement doublement étranger : parce qu’il est aux confins du monde et parce qu’on car on y voyage dans un temps ou le déclin de la dynastie Qing était réel.

Le metteur en scène Jim Findlay a demandé à Jennifer Charles and Oren Bloedow de composer une musique inspirée des poèmes que Cao Xueqin a écrits pour son roman. Alors que le duo new-yorkais travaillait sur ce projet, il se rendit compte de la proximité de celui-ci avec sa propre esthétique. L’humeur naïve et les thèmes de l’amour, de la désillusion, du souci et du chagrin se marient parfaitement avec la sensibilité du groupe. L’idée de la fugacité de toutes choses est depuis longtemps un sujet central dans l’oeuvre d’Elysian Fields, et, dans ces vers anciens, le groupe a trouvé l’âme soeur.

Ayant terminé cette collaboration, Jennifer et Oren décidèrent de continuer leur travail sur d’autres poèmes de Xueqin pour le plaisir. Par la suite, ils invitèrent le poète Lu Chen a co-écrire une chanson. Un dernier morceau a été trouvé dans l’oeuvre de Warren Zevon, dont le titre « Indifference of Heaven » semble presque tiré des mêmes pages. Le producteur et collaborateur de longue date d’Elysian Fields, Thomas Bartlett, pilota les sessions d’enregistrement, incorporant brillamment les performances du batteur Sam Levin et du virtuose de Piri / Saengkwang Gamin Kang.

L’ALBATROS – Phaon

 

  • Album : L’ALBATROS
  • Artiste : PHAON
  • Date de sortie : 02/10/2020
  • Label : LIMOUZ’ART

Après « Triptyque », 3 titres sortis en novembre 2018, le groupe affirme sa sonorité. Un deuxième album est à venir pour octobre 2020. « L’Albatros », enregistré au Garage Hermétique (Nantes) dévoile une signature singulière ; une production léchée, aux mélodies addictives ; une pop aventureuse se mêlant à des paroles toujours plus équivoques.

En français dans les textes, Phaon jongle avec les sons, les textures. Des mélodies lumineuses se mêlent à des mots sombres, aux multiples sens.

A THOUSAND DOORS, JUST ONE KEY – Feldup

 

  • Album : A THOUSAND DOORS, JUST ONE KEY
  • Artiste : FELDUP
  • Date de sortie : 23/09/2020
  • Label : TALITRES

Félix Dupuis (aka Feldup) vient tout juste d’avoir 18 ans, et la précocité du musicien peut en surprendre et en émouvoir plus d’un.

Originaire de Franche-Comté, résidant désormais proche de Paris pour suivre des études de son, il s’approprie la toile dès son plus jeune âge. Le vaste réseau devient un outil lui permettant d’acquérir des compétences, d’exercer de nouvelles aptitudes, d’allier pédagogie et récréation. Au fil d’interconnexions digitales, il crée une chaîne YouTube, qui comporte désormais plus de 150k abonnés. Il y développe un univers de « jeu en réalité alternée  » ou « Alternate Reality Game » (ARG), concept considéré comme une immersion narrative utilisant le monde réel comme support de création d’un scénario fictif.

Écrit, composé et enregistré sur une période de 9 mois « A Thousand Doors, Just One Key » est bien plus qu’un coup d’essai. Au préalable, le musicien autodidacte avait enregistré non loin de 9 albums : autant de recherches, d’expérimentations, de remises en question et d’appropriation des outils qui lui étaient proposés. Si ce disque ne doit, en aucun cas, être apparenté à la résultante d’un processus de création en période de confinement, force est de constater que la situation actuelle y résonne étrangement.

Très sensible aux timbres et aux textures sonores, Feldup admet que la couleur joue un rôle essentiel dans sa musique. Mais malgré cet amour de la couleur, ces sonorités brutes gorgées d’arrière-plans mélancoliques révèlent des tonalités en noir et blanc où l’expressivité des sentiments est peu à peu distillée. Les paroles, de leur côté, prennent le parti de l’authenticité brute, dans l’expression du désarroi comme dans les élans d’espoir.

Les compositions de Feldup sont des hymnes et des célébrations solitaires qui ne demandent qu’à s’ouvrir au monde. Les guitares perçantes du single « Falling Apart », son rythme syncopé, son ambiance foutraque en sont une merveilleuse illustration. Le titre est une ode au déséquilibre, comme si la seule réaction au pessimisme était une danse exutoire.

Au-delà d’être assumées, les influences du jeune musicien sont ici revendiquées. Chacun les reconnaitra. Au fil de ces titres, on perçoit l’hommage rendu à ses illustres ainés. Et cet hommage, cette reconnaissance sont les signes tangibles d’une étonnante maturité.