[NAGE LIBRE] – Régisseur•se général•e

RÉGISSEUR•SE Générale spécialité son

NAGE LIBRE (87)

Nage Libre

Nage Libre est dédiée aux musiques improvisées et expérimentales, esthétiques et pratiques mouvantes qui se créent aujourd’hui. En perpétuelle évolution, elles ne gardent jamais bien longtemps leurs étiquettes… Et c’est bien le projet de Nage Libre : présenter des musiques à contre-courant, qui s’aventurent là où on ne les attend pas.

Si elles prennent principalement racine dans l’histoire du jazz, les frontières ont depuis joyeusement explosé. Aujourd’hui persiste une quête de langages et d’expressions, puisés au fond des parcours artistiques individuels et sans cesse bousculés par des rencontres. Nage Libre travaille activement à manufacturer les moments les plus propices pour présenter ces musiques. Questionner l’espace-temps le plus adapté au projet artistique et aux conditions d’écoute des spectateurs.

Nage Libre, c’est :

  • une saison d’environ 25 concerts, de septembre à juin
  • le festival Bruisme en juin [12 projets artistiques]
  • des accueils d’artistes pour des temps de travail (création, enregistrement…) [10 jours]
  • des actions de médiation avec différents publics [5 jours]
  • la constitution d’un fond d’archives sonores des différents lives organisés
    consulter le projet artistique et culturel 2023-2026

Derrière Nage Libre il y a l’association Jazz à Poitiers. C’est une gouvernance et une équipe réunies autour de la défense de ces esthétiques et pratiques musicales invisibles. A ce titre, l’association a été labellisée SMAC par le Ministère de la Culture dès sa création en 1997, faisant de sa singularité sa plus grande force.

Nage Libre, c’est aussi un travail au quotidien pour accorder autant d’importance à son objet qu’aux façons de le réaliser, avec une attention portée à la qualité de vie et conditions de travail, à la transparence et à l’intelligence collective. C’est enfin des valeurs fortes transversales défendues par toutes et tous : écologie, lutte contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels, solidarité… pour lesquelles nous essayons sans cesse de progresser.

Le poste

Finalité du poste 

Sous l’autorité de la direction, il·elle est responsable technique de la préparation et de l’exploitation des manifestations. Il·elle est en charge de la sonorisation des concerts de saison et des accueils en résidences. Il·elle coordonne l’ensemble des équipes techniques intermittentes, particulièrement pendant le festival Bruisme. Il·elle est responsable de la mise en place des éléments techniques ayant trait à l’accueil du public, y compris en matière de sécurité.

Positionnement dans la structure
  • responsable hiérarchique > Mathilde Coupeau / directrice (par délégation de la présidence)
  • liens fonctionnels > Renaud Baillet / programmateur et Judicaël Dacosta / chargé de production et d’administration
  • travaille en lien avec le reste de l’équipe > Alexia Toussaint / chargée des relations publiques
Description du poste

MISSIONS PRINCIPALES

RÉGIE GÉNÉRALE

  • Apporter une expertise technique, des solutions et des propositions à la mise en place de la programmation : choix des espaces, contraintes acoustiques… > avec le programmateur
  • Gestion, entretien du matériel et réalisation de l’inventaire annuel
  • Gestion des données d’enregistrement : mises à plat, archivage, mises à disposition auprès des artistes concerné·es
  • Suivi des mises à disposition de matériel auprès d’autres structures
  • Assurer la liaison avec les équipes et les structures du site Confort Moderne (l’Oreille est Hardie et la Fanzinothèque) au bénéfice de la réalisation des évènements de chacun
  • Animer les réflexions concernant le parc technique de Nage Libre : identification et localisation du matériel, complémentarité avec les autres structures, mise en œuvre du processus de gestion des ressources, renouvellement du matériel
  • Encadrer les équipes techniques intermittentes : évaluer les besoins, recruter et accueillir le personnel intermittent technique
    > en saison : un·e technicien·ne lumière par concert
    > Bruisme : équipe de 5 à 8 personnes sur 1 semaine

 ACTIVITÉS DE DIFFUSION

  • Accueil technique des artistes et de leurs éventuels accompagnants techniques
  • Régie son et backline
  • Préparation de l’accueil du·de la technicien·ne lumière
  • Assurer la liaison avec les autres lieux d’accueil en cas de diffusion « hors les murs »
  • Enregistrement des concerts

 ACCUEIL DE RÉSIDENCE

  • Accueil technique des artistes et de leurs éventuels accompagnants techniques
  • Réalisation d’enregistrements
  • Accompagnement des artistes sur le volet technique (assistance, conseil, matériel, balance, prise de son, diffusion, éclairage, etc.)

MISSIONS CONNEXES

  • Participer au projet associatif et à la vie de la structure
  • Participer à la mise en œuvre de la coopération au sein du Confort Moderne avec l’Oreille est Hardie, la Fanzinothèque, Transat et le Restaurant
  • Participer à l’accompagnement des acteurs du secteur des musiques actuelles (conseils et transmission, selon les besoins exprimés)
  • Toutes autres tâches nécessitées par le fonctionnement de l’association dans la mesure des disponibilités et des compétences

Profil

SAVOIRS FAIRE 

Maîtrise des techniques de sonorisation de concert (design, calage, exploitation)
Connaissance des environnements Midas, Nexo, d&b, JBL
Maîtrise du DAW Reaper (enregistrements et mises à plat)
Connaissances de base en lumière 
Anglais technique
Permis B 
SSIAP 1 (formation prise en charge par l’employeur)
Habilitation électrique (formation prise en charge par l’employeur)

SAVOIRS ÊTRE
Appétence pour les musiques expérimentales et leurs particularités
Autonomie 
Travail en équipe
Rigueur
Diplomatie

Ce profil de poste est un idéal. Nous savons que les modalités de recrutement sur les fonctions de régie sont complexes, et sommes conscients que des ajustements seront nécessaires pour permettre aux candidat·es de se projeter dans un temps partiel annualisé, en fonction des activités qu’il·elle peut souhaiter conserver en parallèle.  
La priorité pour nous est d’accueillir une personne souhaitant contribuer à un projet artistique singulier et rare, au sein d’une structure qui essaye de faire coïncider exigence de projet et exigence de méthode. Nous apprécions particulièrement un partage de nos valeurs de solidarité et bienveillance, ainsi qu’une appétence pour les enjeux d’éco-responsabilité, de développement durable et plus généralement les enjeux de RSO.

Conditions de travail

  • Durée du travail : temps partiel annualisé sur la base de 24,5h/semaine en moyenne (70%), avec un pic d’activités conséquent sur la période du festival (juin) et un creux en juillet et août.
  • Durée du contrat : CDI – période d’essai de 3 mois de travail effectif, renouvelable une fois.
  • Classification conventionnelle du poste / salaire : CCNEAC (Convention Collective Nationale des Entreprises Artistiques et Culturelles). Groupe 4 (cadre), échelon selon expériences similaires. Salaire brut indicatif au 1er échelon à 70% : 1627,16€.
  • Avantages spécifiques : Mutuelle d’entreprise : Audiens – option 2, tickets restaurants (6€).
  • Lieu de travail : Confort Moderne. Bureaux en open space partagé avec les autres structures, environnement mac. Télétravail occasionnel possible sur les missions le permettant.
  • Spécificités : Travail avec d’importantes variations d’horaires et irrégulier par nature, incluant des soirs, week-end et jours fériés. Déplacements occasionnels, notamment dans le cadre du travail en réseaux.
Réception des candidatures et entretien au fil du temps 
CV + lettre de motivation personnalisée EN PDF par mail à mathilde@nage-libre.org
Prise de poste entre le 12 novembre et le 8 décembre 2025

Formation • Production de spectacle écoresponsable

Comment réduire l’impact carbone d’une tournée ? Quelles solutions techniques sobres adopter ? Comment convaincre ses partenaires ?
Voilà ce que nous explorerons ensemble pendant 3 jours, lors de la formation « Production de spectacle écoresponsable », co-construite avec CONFER et certifiée Qualiopi.

📅 26 → 28 novembre 2025
📍 La Fabrique Pola – Bordeaux

3 objectifs :
🚲 Intégrer les mobilités douces dans vos projets
💡 Découvrir des solutions techniques sobres et low-tech
🤝 Élaborer une stratégie de diffusion collaborative et financée

Les intervenants seront :
→ Maud Gari (financement culturel & coopérations et transition écologique)
→ Alban Judalet (direction technique & solutions sobres)

🔗 Toutes les infos et inscriptions sur https://confer-culture.org/formation/production-spectacle-eco-responsable/

Webinaire • La santé mentale et ses enjeux

Dans le cadre de l’édition 2025 du « Parcours de sensibilisation handicaps et enseignements artistiques » du Schéma Départemental des Pratiques Artistiques et Culturelles (SDPAC), le Département de la Gironde vous invite à un webinaire sur la santé mentale, vendredi 14 novembre 2025 de 10h à 12h.

Animé par Lauraline Mulier, Chargée de promotion de la santé mentale en Nouvelle-Aquitaine à PSYCOM, ce webinaire permettra de faire le point sur la santé mentale et ses enjeux, grâce à des outils pédagogiques et animés. Pour s’informer, faire évoluer le tabou et lutter contre la stigmatisation et les discriminations.

Pour vous inscrire et recevoir le lien de connexion, c’est ICI

Ouvert aux professionnel.le.s de l’enseignement artistiques, du médico-social, aux aidants, à toute personne qui souhaite en savoir davantage sur cet enjeu de société.

[DES LENDEMAINS QUI CHANTENT] Régisseur•se général•e

RÉGISSEUR•SE Général•e

DES LENDEMAINS QUI CHANTENT (19)

Des lendemains qui chantent

Depuis 2004, l’association Des Lendemains Qui Chantent défend un projet artistique et culturel fondé sur la promotion des musiques actuelles dans toutes leurs composantes (pratiques amateurs, artistes professionnel·le·s, pluralité d’esthétiques). Elle s’inscrit dans une volonté d’ouverture et d’ancrage territorial.

L’association gère un équipement mis à disposition par la Ville de Tulle, doté d’une salle de spectacle de 450 places, d’une petite scène-bar et d’un bâtiment dédié à la répétition (Le Labo).

Labellisée Scène de Musiques Actuelles, elle développe son activité à la fois dans ses murs et hors les murs (partenariats, coopérations, diffusion sur le territoire…).

Descriptif du poste

Missions principales

Sous l’autorité de la direction, le·la régisseur·se général·e est le/la référent·e technique de la structure.
Il/elle assure la préparation, la coordination et le bon déroulement technique, logistique et sécuritaire des activités de la SMAC.

Fonctions

• Coordination technique et logistique des manifestations (concerts, résidences, événements
hors les murs).
• Gestion du budget technique de production et de fonctionnement, en lien avec la direction.
• Encadrement des équipes techniques intermittent·e·s, stagiaires et bénévoles.
•  Référent·e sécurité, prévention des risques, sûreté et accessibilité.
• Gestion et entretien du matériel technique, suivi du bâtiment et des prestataires.
• Relation avec les équipes techniques des artistes, négociation et validation des fiches techniques.
• Relation avec les prestataires techniques et de sécurité, négociation et suivi des devis.
•  Suivi et coordination des travaux et aménagements techniques.
• Présence sur les résidences, filages et concerts (régie générale et, ponctuellement, régie son
sur petites formes).
• Assurer une veille technique/technologique

Participation à la vie de l’association

•  Réunions d’équipe et coopération transversale avec les autres pôles.
•  Accueil des artistes, lien avec le public et les bénévoles.
•  Contribution à la vie collective du lieu

Profil recherché

• Expérience confirmée en régie générale ou coordination technique dans le spectacle vivant.
• Coordination technique et logistique
• Lecture, négociation et validation de fiches techniques
• Gestion et suivi du budget technique
•  Maîtrise des protocoles de sécurité dans les ERP : sécurité du public, prévention des risques, sûreté et accessibilité
• Compétences en sonorisation live
• Connaissance du matériel lumière et plateau, ainsi que des réseaux scéniques (DMX, Dante, etc.)
•  Gestion du parc matériel et suivi du bâtiment (entretien, maintenance, inventaire, réparations)
• Encadrement d’équipes techniques : intermittents, stagiaires, bénévoles
•  Connaissance des normes techniques et réglementaires (DTU, SSIAP, habilitations électriques, accroche/levage, travail en hauteur)
•  Utilisation des outils informatiques et logiciels techniques
• Des certifications (habilitation électrique, SSIAP, travail en hauteur, accroche/levage, SST)
seraient un plus.
•  Une expérience en régie son (particulièrement sur petites formes) constituerait un véritable atout
•  Permis B obligatoire
•  Organisation, rigueur et autonomie
•  Sens des responsabilités et de la sécurité
•  Calme, réactivité et sang-froid
• Diplomatie et pédagogie
•  Capacités de planification et d’anticipation
•  Aisance relationnelle, et goût du travail en équipe
• Capacité d’encadrement et de transmission des savoirs
• Curiosité technique
• Intérêt réel pour les musiques actuelles et la vie associative
•  Disponibilité (soirées, week-ends) et souplesse horaire

Modalités du poste

CDI temps plein annualisé.
• Convention collective CCNEAC – groupe 4 échelon 1 – base brute : 2 324,51 € (cadre).
• 6 semaines de congés.
• Poste à pourvoir le 1er février 2026 .
• Mutuelle Audiens Option 3
• Tickets restaurant

Candidature 

Les candidat·e·s doivent faire parvenir par courriel au Président de l’association à recrutement@deslendemainsquichantent.org un CV et une lettre de motivation

[ENTRETIEN] Philippe Guillemoteau • Auteur

LES MUSIQUES ACTUELLES ONT DE LA MÉMOIRE !

ENTRETIEN 2/4

PHILIPPE GUILLEMOTEAU

AUTEUR ET MUSICIEN 

miminettes micro interview

Cette interview s’inscrit dans le projet porté par le RIM :

« LES MUSIQUES ACTUELLES ONT DE LA MÉMOIRE ! »

4 témoignages autour des enjeux de transmission de la mémoire du secteur et de ses projets

« L’imagination, c’est de la mémoire fermentée. » Milan Kundera

Près de 45 ans après l’apparition du terme « Musiques Actuelles » et des années de structuration continue du secteur et des politiques publiques qui l’accompagnent, les enjeux de renouvellement, d’inclusion et de transmission apparaissent extrêmement forts au sein de ses structures. La mémoire du secteur (et de ses projets) constitue l’une des clés pour conserver la capacité d’impulser continuellement de nouvelles dynamiques collectives et les valeurs d’indépendance, d’éducation populaire et de défense de la diversité qui lui ont permis de se développer.

Afin d’aborder ce sujet et la manière dont il interroge ou peut servir les pratiques des acteurs des Musiques Actuelles, nous avons choisi d’interroger quatre personnes, qui ont travaillé sur ces enjeux de mémoire (conservation, valorisation, patrimonialisation, …) ou bien les ont traversés tout au long de leur carrière, « en faisant ».

Entretiens réalisés par Emma Roche, en Service Civique au RIM, en début 2025

Philippe Guillemoteau interview archives musiques actuelles

PHILIPPE GUILLEMOTEAU

Philippe Guillemoteau, auteur, passionné de musique et musicien lui-même, nous présente son travail colossal de recensement des initiatives Musiques Actuelles dans le département des Deux-Sèvres de la fin des années 60 au milieu des années 2000, à travers l’écriture de son livre « Micro Faunes ».

D’où vous est venue l’idée de recenser les initiatives et les groupes des Musiques Actuelles des Deux-Sèvres en particulier ?

Étant moi-même musicien, je trouvais qu’il se faisait plein de choses intéressantes. J’avais commencé a écrire des choses, j’écris des chansons, des textes courts. J’avais écrit un bouquin sur l’histoire de la famille de ma compagne et je m’étais dit « est-ce que je suis capable de faire plus gros, d’aller plus loin dans l’écriture ? ». C’était un défi personnel. Naturellement, je me suis intéressé à écrire sur la musique, car c’est l’essentiel de ma vie. Je suis parti là-dessus en me disant que je connais pas mal de musiciens qui ont des histoires intéressantes, donc, pourquoi je ne raconterais pas ça ? Au bout d’une trentaine, quarantaine de pages, j’ai compris que c’est comme une pelote de laine : tu tires un peu et ça se déroule, c’est énorme, tu as l’impression qu’il y en a toujours plus.

Je ne savais pas quoi faire de ce que j’avais commencé à écrire, puis je mangeais avec un copain musicien et éditeur qui s’appelle Philippe Floris. Je lui ai parlé de cette initiative et il m’a répondu qu’il souhaitait en être l’éditeur.

Comment vous y êtes-vous pris pour recenser plus de mille noms pour ce projet ?

J’ai fait de l’archive. J’ai entassé. J’avais déjà pas mal de choses car j’ai beaucoup de disques, cela fait partie de ma culture. Je fais beaucoup les vides-greniers, les Emmaüs… alors dès que je voyais un disque qui avait l’air d’être du coin, je le prenais. Ça a commencé à s’entasser. Après j’ai commencé a faire des interviews, car j’avais quand même une vision un peu globale du truc, des différents courants musicaux locaux, je savais qu’il se passait telle chose à Parthenay à telle époque, telle chose à plein d’endroits à telle autre époque… alors ce que j’ai commencé à faire, ce sont des interviews. J’ai mis cinq ans à faire le bouquin parce qu’a cette époque là, je travaillais. Je faisais ça, soit le soir après dîner, soit le week-end… je prenais des rendez-vous avec les gens, j’allais les voir, car pour moi, le contact physique était indispensable. J’ai pas compté, mais j’ai dû faire une centaine d’interviews.

J’ai pris mon pied à faire ça, car étant musicien, chanteur, ayant tourné depuis le début des années soixante-dix dans la région, quand je me présentais, cela facilitait un peu les choses pour aller discuter avec les gens. Souvent, on avait partagé des scènes. C’est incroyable quand tu vas vers les gens, quand tu amorces bien la pompe, ça peut durer des heures et ça, pour moi, c’était vraiment le pied.

Je m’étais donné un cadre : je me limite à la création musicale. Je ne vais pas vers ceux qui font de la reprise, de l’adaptation, je vais pas vers le chorales, les groupes de bal. Pour moi, le cadre c’était ceux qui créaient et qui permettaient d’aller plus loin. Ce n’est pas que le reste c’est pas bien, mais ça me permettait d’avoir un cadre de travail. J’ai commencé à faire des bases de données : musiciens, groupes… Pour chaque entrée j’avais une fiche. J’ai rattaché ça à ma base de données : j’écoutais un disque, je le chroniquais et je le mettais dans la base.

Que mettez-vous dans une fiche d’artiste ?

La fiche type, c’est le nom du groupe, la discographie, d’où ils sont… J’ai toujours le lieu d’identification et la période concernée sous le nom pour m’y repérer. Pour la discographie : en quelle année, sortie par qui… etc.

« J’ai commencé et quand j’ai eu fait ce qui ressemblait a une trentaine, quarantaine de pages, au fur et à mesure, c’est comme une pelote de laine : tu tires un peu et ça se déroule, c’est énorme, tu as l’impression qu’il y en a toujours plus. »

Donc vous dites que votre enquête s’est déroulée sur cinq ans. Cela correspond au temps que vous avez mis à faire le livre ?

J’ai commencé à rédiger avant d’avoir rencontré l’éditeur, donc avec le reste ça a constitué cinq ans de boulot. L’éditeur a travaillé au fur et à mesure.

Moi, ce qui m’intéressait, au départ, c’était l’écriture. J’avais un bon échange avec cet éditeur et il m’a dit quelque chose auquel je n’avais pas pensé au départ. Il n’existe plus, mais il s’appelait « Patrimoine et médias ». Il travaillait sur le patrimoine et sortait essentiellement ce qu’on appelle « des beaux livres » de photos de châteaux, de paysages… Moi, j’avais pas fait le lien dans ma tête avec la dimension patrimoniale de ce travail. C’est lui qui l’a fait et qui m’a dit : « Ce que tu fais, c’est du patrimoine ! Il n’y a qu’une condition, c’est qu’il me faut des images. Dans la logique du patrimoine, il faut des images. Les groupes des années soixante-dix avec les pantalons pattes d’eph par exemple, il me faut leur gueule, leur look, les affiches… » A chaque fois que je faisais une interview, je ramenais du matériel et j’allais chez l’éditeur. Il avait ce qu’il faut pour numériser. Quand c’était du A4 je pouvais le faire tout seul mais quand c’était une affiche, lui avait le matériel et produisait des fichiers de bien meilleure qualité que moi.

Pour trouver toutes ces ressources, qu’avez vous utilisé ?

Les brocantes, Emmaüs, solderies… quand j’allais voir les gens, dans l’entretien surgissait un nom, ça nous emmenait sur autre chose, ils me donnaient les coordonnées, j’appelais la personne, en disant qu’on m’a dit de l’appeler… par exemple pour tout ce qui concerne la musique traditionnelle, un volet très important en Deux-Sèvres, une musique que je ne connaissais pas du tou (je viens du rock et du punk donc les musiques trad ne me causaient pas tellement). À Parthenay, il y a l’UPCP-Métive (voir entretien 1/4), qui fait un travail patrimonial, d’archivage et de mémoire extraordinaire. J’y suis allé quelques fois chercher des documents, discuter avec les gens et trouver des trucs. Au départ mon projet c’était de faire les 4 départements. Et puis, en cours de route, ça a bifurqué.

Couvrir les quatre départements n’aurait-il pas représenté un travail énorme ?

Oui, mais travailler sur le long cours n’est pas quelque chose qui me gêne. Je suis quelqu’un de lent et qui travaille dans la durée, donc c‘est une méthode qui me convenait. J’avais commencé le volume de la Vienne, j’avais rédigé quatre-vingt pages, quelque chose comme ça, j’avais commencé les entretiens et c’est le moment où j’ai commencé à écrire les polars musicaux, qui ont pris le pas sur le travail documentaire, car les deux n’étaient pas compatibles en même temps.

Les Deux-Sèvres sont un territoire rural. Est-ce que cela a été aussi simple de travailler en territoire urbain que rural ? Est-ce que cela a pu avoir une incidence sur la capacité à trouver des sources, des personnes ?

Les Deux-Sèvres, il faut être conscient d’une chose : pour eux, la fac, c’est Poitiers. Les orchestres, quand ça démarre, soit tu en montes un au lycée, soit tu montes un groupe en rencontrant d’autres musiciens à la fac. Et donc, de toute façon ça passait beaucoup par Poitiers à cause de la fac. En général, les gens commencent au lycée, mais s’en vont à Poitiers à la fac pour faire des études et reviennent. Donc la dimension urbaine/rurale… en fait, je ne me suis pas posé cette question.

Professionnellement, je travaillais sur l’aménagement du territoire à cette époque. Mon boulot, c’était d’être l’interlocuteur des « pays ». C’était un échelon intermédiaire entre communautés de commune et départements : des rassemblements de communes et communautés de commune. Mon boulot était d’aider les pays a monter leur projet et de les accompagner dans différents domaines. Naturellement, je travaillais beaucoup sur l’histoire et ce qu’étaient les pays. Pour donner une idée, sur les Deux-Sèvres, il y avait, en gros, cinq pays : le pays Mellois, du bocage Bressuirais, la Gâtine, le Pays Thouarsais et Niort. Chacun de ces pays étaient très cohérents géographiquement et culturellement. Historiquement aussi. C’était quelque chose sur quoi j’avais déjà travaillé professionnellement.

Spontanément, c’est pas dit comme tel dans mon travail sur Micro Faunes, mais vous retrouverez l’échelle de ces pays. Donc à chaque fois, je traite la zone de la Gâtine ou de Parthenay, le bocage Bressuirais… j’essaie de voir comment ça bouge en parallèle. J’essaie aussi de voir les politiques culturelles des différents territoires – car mon boulot était de travailler avec les élus. J’ai essayé, dans le bouquin – c’était pas l’objectif principal mais ça m’intéressait quand même – de traiter aussi la différence d’approche sur les politiques culturelles de territoire. J’avais été très intéressé de voir que dans le Niortais ou en Gâtine, on avait des politiques quasi à l’opposé l’une de l’autre. C’est à dire qu’en Gâtine, à l’époque, il y avait un maire de Parthenay qui avait pour approche de favoriser l’éclosion des associations et de faire porter la culture par ces associations en les aidant financièrement. Donc il y avait un accompagnement, mais le territoire se développait autour d’associations qui organisaient par exemple, « Jazz en Gâtine »… toutes ces associations avaient des petits festivals, des choses comme ça.

A l’opposé, à Niort, on était sur quelque chose de très centralisé : la culture, c’était la ville de Niort. Les associations faisaient ce qu’elles pouvaient. Donc ça donnait des choses assez différentes dans la dynamique : par exemple des festivals à Parthenay mais pas à Niort. Ce qui m’intéressait, ce n’était donc pas le rural et l’urbain, mais la dimension territoriale des choses.

« Je ne te dis pas les dizaines de musiciens que j’ai rencontrés avec qui j’ai gardé des liens. C’est du bonheur, ces relations humaines nées à cette occasion. »

A titre personnel, que vous a apporté la réalisation de ce travail ?

De la confiance en moi sur le fait de pouvoir écrire des choses plus longues que des chansons. C’est pour ça qu’après je suis passé à l’exercice du bouquin de 350 pages et au polar musical. Mais le principal apport est humain, tous les gens que j’ai rencontrés… moi en ce moment, je fais de la musique avec Jacky le Poitevin et Michel Beaufils. Michel Beaufils, je ne le connaissais pas, je l’ai rencontré quand je l’ai interviewé. Je ne te dis pas les dizaines de musiciens que j’ai rencontrés avec qui j’ai gardé des liens. C’est du bonheur, ces relations humaines nées à cette occasion.

Y a-t-il eu des grandes évolutions ou évènements que vous avez pu noter en Deux-Sèvres, depuis la parution du livre ?

Je ne me suis pas trop posé la question… il y a une démultiplication du nombre d’artistes, de groupes, etc. J’avais continué après le bouquin à stocker infos, articles de journaux, disques, etc. et j’ai arrêté car c’était une folie ! Il y en aurait eu tous les jours… Dans le bouquin j’ai oublié plein de gens que j’ai découverts après. En même temps, c’est super, mais je sens complètement largué tellement il y a de choses… même musicalement je n’arrive pas a suivre… à partir des années deux-mille, ça explose…

Auriez-vous une explication sur la quantité d’artistes présents dans le département, au vu du nombre d’artistes que vous recensez dans le livre ?

C’est partout pareil. Ce livre n’est pas isolé dans son approche : souvent, les bouquins comme ça qui font un peu d’histoire sont soit axés sur le rock, soit axés sur une ville. Le premier que j’avais vu et qui m’avait donné un peu l’idée de creuser la question, c’était un bouquin qui était sorti sur le rock à Brest. C’est une ville ou il y a une vraie histoire musicale. Et après, il y en a eu plein qui sont sortis : rock à Rennes, rock a Lyon… c’est souvent sur le rock. La démarche de croiser toutes les musiques est un peu particulière dans ce que j’ai fait, car c’est quand même souvent sur les musiques électriques, chanson, rock… mais je crois qu’il y a de la vie partout, comme ça. Ma base de données, je l’avais faite en parallèle sur quatre départements. Elle est forcément moins complète sur les autres, mais c’est monstrueux quand même.
Par exemple, on parlait de mes sources : une réponse que je n’ai pas donnée, c’est les studios d’enregistrement ! J’ai fait le tour des studios parce que forcément, dans la création, à un moment il faut que ça sorte et donc que ce soit enregistré. À l’époque, là où on enregistrait, c’était dans les studios, pas chez soi. Dans les Deux-Sèvres, la particularité, c’est le courant de musiques trad. Forcément, si tu vas dans un milieu plus urbain, dans la Vienne par exemple, le coté rock est beaucoup plus prégnant que dans d’autres départements. En Charente, en revanche, il y avait beaucoup plus de jazz, car il y a eu un très gros festival de jazz qui a démarré à Angoulême dans les années soixante-dix, qui est devenu Musiques Métisses, par la suite. Le fait qu’il y ait eu ces choses-là, ça favorise certains courant musicaux plus que d’autres. Après, les groupes de rock de bahut, ça, il y en a partout…

Comment le livre vit-il aujourd’hui ? Comment imaginez-vous une suite à ce travail ?

Je n’imagine pas de suite, à titre personnel. Après, il peut y avoir d’autres gens que ça intéresse de faire d’autres choses…

L’éditeur n’existe plus, donc le livre n’est plus en vente dans les magasins. Le livre était diffusé par La Geste, et de toute façon c’est un livre qui ne se vend qu’en Deux-Sèvres… c’est une niche. Il ne se vend même qu’aux musiciens des Deux-Sèvres ou à leurs familles, ce qui n’est pas gênant en la matière. On en avait tiré mille exemplaires. Quand l’éditeur à arrêté de travailler, il y a trois ou quatre ans, il en restait entre cent et deux cents. Il m’a demandé si je voulais en racheter à vil prix donc j’en ai racheté une centaine, et je les vend à la fin des concerts, à vil prix également avec une petite marge quand même. Quand je n’en aurai plus à vendre, ce sera fini. Il y en aura peut être sur internet, d’occasion. Les gens qui m’en achètent, ce sont des musiciens, parce que ça leur cause, pas forcément parce qu’ils sont dedans, mais parce qu’ils connaissent des gens qui sont dedans… Donc des suites, non… il faut être vraiment organisé. Moi je ne me sentirais pas.

Mais le travail que j’ai fait, je l’utilise encore. Là, j’ai travaillé sur la revue « Le Picton » qui sort sur le Poitou-Charentes uniquement, et est une revue régionaliste. A l’été 2025, ils vont faire un numéro axé sur la musique, les productions musicales du Poitou-Charentes. Ils m’ont contacté, j’ai écrit deux ou trois articles, j’ai réutilisé du matériel que j’avais. Donc ce sont des choses comme ça, ponctuelles. Quand j’ai fait les articles pour « Le Picton », je suis retourné dans mes bases de données revoir ce que j’avais écrit sur tel groupe… je m’étais organisé de la manière suivante : un artiste = une fiche (numérique) sur laquelle je repère sa discographie, l’iconographie utilisable éventuellement puisque dans le cadre du bouquin, je devais la repérer. Et puis, je mets un peu d’analyse de la progression entre les disques, de ce qui est intéressant… En général, quand j’avais le temps, je faisais une rubrique analytique. Et après, j’ai la base données où il y a tous les artistes et j’ai un lien entre la base données des artistes et la fiche de l’artiste. Ce sont des choses anciennes, mais tu peux retrouver un nom d’artiste. Les interviews, il y en a que j’ai faites et pris des notes, d’autres que j’ai enregistrées, mais c’est sur cassette !

Pour chaque artiste, j’ai aussi un petite chemise où je mets les articles papiers, les articles de journaux, etc. Je me disais qu’un jour, il faudrait que je fasse un gros paquet de tout ça et je les donnerai aux archives départementales. Je pensais aux archives départementales, parce que c’est des endroits où je suis allé voir. Même quand je fais des recherches pour mes bouquins, je vais souvent aux archives départementales.

Cette interview s’inscrit dans le projet porté par le RIM :

« LES MUSIQUES ACTUELLES ONT DE LA MÉMOIRE ! »

4 témoignages autour des enjeux de transmission de la mémoire du secteur et de ses projets

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