Suite à la circulaire du ministre de l’Intérieur (15/05/2018) prévoyant que les missions des services d’ordre dans les gros événements soient remboursées à l’Etat par les organisateurs de festivals et de manifestations, Gérard Collomb et Françoise Nyssen en appellent au « discernement » des préfets dans un communiqué publié ce vendredi 6 juillet :
Quelle est cette circulaire de Gérard Collomb qui menace les festivals?
Signé le 15 mai 2018, juste avant la période faste de ces événements estivaux, le texte prévoit de facturer aux organisateurs le déploiement des forces de l’ordre. En d’autres termes, les responsables des festivals devront désormais régler la facture des policiers déployés sur et aux abords des lieux, ainsi que certains types de matériels.
Officiellement, la circulaire fait le distinguo entre les missions non-facturables répondant aux risques de menaces terroristes et celles inhérentes à l’organisation de tels événements et donc potentiellement soumises au remboursement. Mais dans la réalité, les autorités locales auront la latitude d’envoyer la facture de toutes les missions -ou presque- des forces de l’ordre aux organisateurs de festivals, comme vous pouvez le voir dans l’infographie ci-dessous.
Augmentation des coûts
Selon une étude du Centre national de la chanson, des variétés et du jazz, le budget des festivals alloué à la sécurité avait déjà augmenté de 7% entre 2015 et 2016, après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher.
À titre d’exemple, l’un des plus importants festivals français, « les Vieilles Charrues », a consacré 300.000 euros supplémentaires à la sécurité de ses habitués depuis les premiers attentats. Les organisateurs ont notamment mis en place un système de vidéosurveillance, des blocs de béton, mais également des barrières dernière cri permettant aux contrôleurs de se poster à l’intérieur. Ajoutez à cela des doubles fouilles rendues systématique ainsi qu’une augmentation des effectifs de sécurité et la facture grimpe allègrement.
Même chose du côté des événements plus « modestes. » Ainsi, le festival toulousain de musique du monde « Rio Loco » a par exemple vu ses coûts de sécurité passer de 60.000 euros à plus de 140.000 en un an et demi, quand « la Route du Rock » alloue 50.000 euros par an de plus à son budget sécurité. « On ne peut pas faire autrement », explique au HuffPost le directeur de « la Route du Rock » François Floret, mettant en avant l’impérieuse nécessité de « garantir la sécurité du public. »
Mercredi, les organisateurs des Eurockéennes avaient dénoncé une augmentation « exubérante » des frais de sécurité, imposée par la préfecture du Territoire de Belfort, avec une facture passée de 30.000 euros l’an dernier à 254.000 euros cette année.
Appel au « discernement » pour « l’équilibre économique des festivals »
Le ministère de la Culture et de l’Intérieur, en réaction à des « difficultés localisées » ayant pu survenir dans l’interprétation du texte, rappellent, dans ce communiqué du 6 juillet dernier, la nécessité de « faire preuve de discernement dans l’application de ces instructions ».
« Si l’engagement des forces de l’ordre au bénéfice de la sécurité d’événements culturels doit faire l’objet d’une facturation, conformément à la loi, le montant de la prestation doit toujours rester compatible avec l’équilibre économique des festivals ». Toute éventuelle évolution du montant facturé doit être discutée suffisamment en amont avec l’organisation ».
La circulaire du 15/05/2018 fera l’objet d’un bilan d’étape « à l’automne 2018 », dans le cadre du comité interministériel de suivi de la sécurité des établissements et événements culturels piloté par le préfet Étienne Guepratte.
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