« Hybride, insaisissable, artistique, politique, précurseur, en perpétuelle réinvention… comment définir le punk ? »

Le Monde revient sur le projet « Punk Is Not Dead » mené par une équipe de chercheurs pour retracer l’histoire de la scène punk en France. Pour en conserver les traces, ils parcourent les garages et salles de concert qui ont fait vivre ce patrimoine culturel pendant près de 40 ans. La Rock School Barbey, Vicious Circle, La Fanzinotheque ou encore Strychnine chez nous sont autant de témoins historiques de cette « contre-culture », qu’il est urgent de préserver avant que les supports ne disparaissent.

Reportage :


Le punk, symbole de résistance et de liberté

Dès 1976, le punk est en France un phénomène total. La montée de sève qui propulse sur scène des groupes à peine formés et déjà « célèbres » à l’échelle de leur quartier, de leur ville ou de leur région, montre combien le mouvement ne se limite pas à un phénomène parisien, même si la capitale constitue un centre de gravité qui attire ou au contraire qui suscite méfiance et défiance.

Bordeaux constitue un creuset essentiel du punk en France et une des étapes essentielles de ce projet. Bordeaux, c’est évidemment la ville, ses groupes, ses musiciens, ses figures de la punkitudes, ses lieux incontournables, ses radios libres, ses labels et disquaires indépendants, les rubriques dans la presse locale, les lieux informels, friches et squats. Mais au-delà du cœur urbain Bordeaux capte aussi les initiatives sonores et rebelles venues de la périphérie girondine et du grand Sud-Ouest pour la période plus récente. Faut-il s’étonner de cette vivacité ? Bordeaux, cultivant une posture de rébellion héritée de l’histoire, a fait preuve d’énergie et d’inventivité pour résister musicalement à l’image bourgeoise de « Belle endormie » qui lui collait à la peau.

Les initiatives pionnières (Festival punk de Mont-de-Marsan, 1976, 1977 au cours desquelles s’illustrent les Bordelais de Strychnine ouvrant pour Clash), les rivalités légendaires avec Toulouse autant que les liens avec l’Angleterre constituent des pistes à exploiter pour comprendre et définir la force, l’empreinte et l’identité punk de la scène locale.

La démarche de PIND

Ce programme de recherche repose sur la collecte d’archives et de témoignages ouverte à tous, et sur des journées d’études et de rencontres.

Trois grands défis sont au cœur du projet :

  • Préserver une mémoire fragile en train de s’éteindre en raison de la vulnérabilité des acteurs et de la fragilité et du caractère périssable des supports matériels consubstantiels à l’idéologie punk prônant la débrouille et le bricolage.

« il y a une urgence parce que si on ne récolte pas ces supports-là, si on ne les collecte pas maintenant, on ne pourra plus écrire cette histoire… on est pressés »

  • Casser les formes d’illégitimité de l’objet en montrant l’intérêt de valoriser l’étude de ce segment illégitime des musiques populaires entendu comme un prisme pour observer le fonctionnement de la société contemporaine, et en montrant ce qui rend le punk français irréductible à ses homologues anglo-américains.
  • Replacer la musique au cœur de l’objet, entendue comme une matérialité sonore particulière produite et utilisée socio-culturellement qui caractérise, identifie et définit le style musical punk.

La confrontation de quatre axes de recherche permettrait de définir et identifier la culture punk : le temps, l’espace, la violence, et les systèmes de représentation.

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