Quels sont les enjeux des acteurs de musiques actuelles? Quel dialogue avec les partenaires publics? Quelles relations entre structures d’accompagnement et artistes? Médias : quelle est leur place dans la médiation culturelle? Voici quelques un des sujets abordés avec les adhérents et partenaires du RIM durant ce plateau radio organisé durant l’assemblée générale du RIM , les 15 et 16 mai au Confort Moderne (Poitiers).

Ce plateau radio a été co-organisé par Radio Pulsar, Beaub FM et R.I.G.

Émission à écouter ci-dessous. Animation : Dominique Lopez, Radio Pulsar.

Retrouvez la liste des intervenants ainsi que quelques extraits de l’émission retranscrite ci-dessous.

1ère partie : Qu’est-ce que le RIM? Quels sont les enjeux pour les acteurs musiques actuelles? Les musiques actuelles, une définition? Et quid des droits culturels?

Franck Cabandé, directeur de Beaub Fm et élu au CA du RIM

Nicolas Antoine, délégué territorial du RIM

Florent Teulé, directeur du RIM

Damien Morisot, co-président du RIM et directeur de Des Lendemains Qui Chantent

Nicolas Antoine : « Il y a eu la volonté assez vite des acteurs au moment de la fusion des Régions de se fédérer à l’échelle de ce nouveau territoire, pour êtes plus nombreux, plus forts, vis à vis des collectivités, des partenaires publics… Et aussi de se croiser et de coopérer à un plus grand nombre dans ce nouvel espace de jeu qu’est la Nouvelle-Aquitaine. Donc de manière concrète le RIM compte 130 adhérents aux activités très diversifiées : on a des festivals, des salles de concerts des labels, des radios, des structures qui font de l’enseignement artistique, des gens qui font de la médiation, de l’action culturelle… »

« Les musiques actuelles c’est toute la musique, sauf la musique classique et la musique contemporaine… Ça laisse une grande latitude d’activités !  On a autant des adhérents qui vont faire du rock, du hip hop, de la pop, parfois un peu de tout, que des adhérents très spécialisés parce que c’est un choix de leur part, une ligne artistique affirmée au sein de leur projet d’activité. Forcément, certains labels vont plutôt produire du jazz, d’autres de la musique traditionnelle… C’est très diversifié, et le RIM n’intervient pas sur la ligne artistique des adhérents, ils sont tout à fait libres de leurs choix de programmation et leurs choix artistiques, ce n’est pas là qu’est notre vocation. Notre vocation c’est de les accompagner sur leur structuration, leurs pratiques administratives, juridiques, le recherches de financement, de nouveaux partenaires, la connaissance entre les structures du territoire… »

Franck Cabandé :  » Le but du jeu c’est que les publics, les auditeurs puissent accéder à ce qui leur semble pertinent dans leurs choix culturels, c’est ce qu’on appelle l’expression des droits culturels : c’est le fait que chaque auditeur, chaque public, chaque spectateur puisse accéder à ce qui lui semble pertinent par rapport à sa culture ».

« Le RIM c’est aussi faire monter en compétences des structures comme des radios, des labels etc, pour faire en sorte que l’on puisse mieux approcher nos publics, mieux faire notre travail, arriver à ce que les bénévoles se sentent mieux dans nos structures… C’est un panel complet d’interventions, et en tant que média c’est quelque chose de très intéressant pour nous ».

Florent Teulé : « Ce qu’on peut cerner de cette 1ère année du RIM c’est qu’il y a un enjeu extrêmement fort de coopération des acteurs. On était sur des choses très cloisonnées auparavant, il y avait le « nous » en Limousin, le « nous » en Aquitaine, le « nous » Poitou-Charentes, mais aussi le « nous » radios, le « nous » SMAC, le « nous » labels indépendants, le « nous » centre de formation professionnelle… Et le secteur d’activité des musiques actuelles était très morcelé. Ce qu’on cherche à faire aujourd’hui c’est casser ça et créer le plus de ponts possibles. Notre principale ligne de force est là : croiser tout ça, mieux dialoguer avec nos partenaires et se reconnaître comme légitimes pour parler d’emploi, de développement durable, d’économie sociale et solidaire, de parité, etc ».

Damien Morisot : « Il y a quand même une pierre importante qui a été posée cette année c’est la signature par l’État, le CNV, la Région et le RIM du Contrat de Filière Musiques Actuelles et Variétés Nouvelle-Aquitaine le 1er septembre 2017, un élément fondamental de la façon de concevoir la politique sur ce secteur-là en Nouvelle-Aquitaine. C’est un document qui fixe les modalités de co-construction de la politique publique pour 3 ans sur ce territoire, et dont  le RIM est signataire au côté des partenaires publics pour imaginer ensemble. Ce n’est pas anodin de la façon de rendre effective la question des droits culturels et de la responsabilité sociétale. »

Franck Cabandé : « Le but du jeu c’est de pouvoir travailler avec d’autres types d’acteurs, et de travailler autrement, notamment avec des labels, avec des salles… Par exemple en tant que média, le RIM nous a aidés sur la question de comment transmettre cette envie de créer un média radio ailleurs que sur le territoire. »

Nicolas Antoine : « Nous avons une quarantaine de labels adhérents, et une action très concrète mise en place par le RIM c’est d’avoir un réseau de distribution alternatif de disques sur toute la région. On s’appuie sur un réseau de libraires et de disquaires indépendants pour distribuer les disques des labels régionaux, notamment dans des zones où parfois le libraire est le seul point culturel. Ce réseau de distribution permet aux labels régionaux d’accéder à un réseau de points de vente pour distribuer les productions des artistes émergents locaux ».

Où trouver les disques des labels du RIM?

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2ème partie : Comment les pouvoirs publics s’emparent-ils des des musiques actuelles ? Quels échanges entre les élus et les acteurs des musiques actuelles ?

Benoît Tirant, élu du territoire Haut-Poitou et Clain / Six Vallées / CA du Grand Poitiers / Vienne et moulière / Chauvinois, en charge de la Politique de la Ville, Région Nouvelle-Aquitaine.

Frédéric Vilcocq, Conseiller Culture,  Économie Créative à la Région Nouvelle-Aquitaine

Sylvain Cousin, directeur à Radio Pulsar et élu au CA du RIM.

Benoît Tirant : « Il a fallu lancer le défi de réunir, notamment les musiques actuelles. Et ce défi a été tenu. Ce qui est important, c’est que dans le Contrat de Filière, le souhait d’Alain Rousset était que le RIM soit signataire, et c’est le cas aujourd’hui ».

« L’intérêt du Contrat de Filière Musiques Actuelles et Variétés en Nouvelle-Aquitaine, et notamment dans le cadre de la concertation territoriale, c’est que ce que propose la région puisse répondre aux besoins des acteurs. C’est ça co-construire une politique  publique. C’est aussi changer la politique publique lorsqu’elle ne convient pas aux acteurs, puisque le monde change de manière permanente ».

« Nous avons inscrit dans le cadre du schéma de développement économique de la Grande Région la possibilité pour les acteurs de la culture, et notamment du RIM, de pouvoir faire appel au droit commun, c’est à dire développer une entreprise, l’exporter… Ces questions là n’étaient pas si évidentes il y a quelques années ».

Damien Morisot : « La Région Nouvelle-Aquitaine est la première à avoir autant développé un secteur de l’ESS sur lequel nombre d’acteurs culturels (et pas uniquement musiques actuelles) émargent aujourd’hui, en plus de ce qu’ils peuvent aller chercher sur les fonds culturels. C’est très complémentaire ».

« Il reste toujours des choses à améliorer, notamment sur les délais d’instruction des dossiers. Les acteurs sont confrontés à des réalités (comme le besoin en fonds d’urgence) qui échappent aux délais administratifs. Est-on ensemble en capacité de répondre à ces besoins-là, qui relèvent parfois d’opportunités avec des délais très courts… Est-on en capacité d’inventer ça? C’est un sujet dont nous avons débattu aujourd’hui. Le chantier est ouvert et doit être avancé. Je n’ai pas de crainte sur notre capacité de pouvoir s’interroger ensemble [avec la Région] sur comment y arriver ».

Florent Teulé, directeur du RIM

« La co-construction de la politique publique doit se baser sur une relation de confiance réciproque. C’est ce qu’on a réussi à construire au fil des années et qui nous a permis d’avancer. Ce qui n’empêche pas que la confrontation est possible, elle fait partie du débat démocratique normal entre un secteur professionnel qui est clairement en plein dans l’intérêt général, donc on a un enjeu démocratique à discuter des politiques publiques. Cette relation de confiance se tisse sur le long-terme…. Autant on constate une évolution importante à la Région Nouvelle-Aquitaine sur le croisement des politiques publiques, autant il nous reste à tirer le fil du dialogue entre les différents échelons de collectivités ».

« La loi en matière culturelle dit que la politique culturelle doit être coordonnée, discutée, articulée entre les différents échelons de collectivités et l’État, et en concertation avec les acteurs. Ce chantier là est parfois encore un peu complexe à mettre en place car évidemment chaque niveau de collectivité a ses enjeux, ses urgences, ses contraintes administratives, son histoire… Nous sommes en train, avec la Région et le Contrat de Filière en train d’essayer de mettre en place les conditions pour que tout cela soit possible. »

Frédéric Vilcocq, Conseiller Culture,  Économie Créative à la Région Nouvelle-Aquitaine

« Ce qu’il faut voir, c’est que cette histoire  s’est construite en quasiment 13 ans. Si on a signé le Contrat de Filière (et même si on est fiers de dire qu’on est la 1ère collectivité à l’avoir fait) c’est un processus qui a démarré en 2004/2005, vraiment lancé qu’en 2006, et que c’est 11 ans après qu’on arrive à avoir la maturité – et du côté de la collectivité, et du côté des acteurs, pour signer ce contrat. Donc bien évidemment qu’on va essayer d’être très proactifs auprès d’autres collectivités pour qu’elles s’engagent sur la même dynamique et sur les mêmes règles éthiques sur lesquels nous nous sommes mis d’accord avec le RIM et les acteurs : avoir un espace partagé de dialogue franc, qui peut être aussi une zone « de confrontation » où on se dit les choses, mais la règle de départ c’est : ce qu’il se dit autour de la table n’est jamais utilisé contre l’acteur »

« C’est cette confiance que l’on a établi durant près de 13 ans qui donne la garantie autant aux acteurs et à la collectivité pour que nos dispositifs soient pertinents »

« il faut aussi pouvoir adapter les enjeux de la filière à ceux de la collectivité, c’est le chantier que l’on va effectivement lancer.

« La donne nouvelle c’est l’inscription pour la première fois, dans la loi NOTre, et dans la loi LCAP, de la culture comme responsabilité partagée. La culture devient ainsi une compétence aussi importante que les autres pour les collectivités. Il faut travailler là-dessus pour mettre en place cette responsabilité conjointe, partagée. Et la loi va même plus loin car elle indique que cette responsabilité doit être systématiquement concertée avec les acteurs… c’est aussi une nouveauté, et même une victoire »

Les musiques acteurs peuvent être des leviers d’insertion? Quelle est la Politique de la Ville à ce sujet?

Benoît Tirant, élu du territoire en charge de la Politique de la Ville, Région Nouvelle-Aquitaine

« À l’intérieur même de la Région, nous sommes en concertation permanente avec l’ESS,  le développement économique, avec le Service Culture, avec le Service des Sports. Et ce qu’on souhaite, c’est que dans les quartiers  de Nouvelle-Aquitaine, ce service dédié à la Politique de la Ville puisse être une porte d’entrée, ensuite soit on active le droit commun, soit on active des financements spécifiques ».

« Nos priorités au service Politique de la Ville sont l’emploi, le développement économique, la lutte contre l’échec scolaire, les questions de mobilité, et le soutien aux associations »

Le fait que les acteurs musiques actuelles se positionnent sur des champs comme le champ social ou l’économie ne leur pose-t-il pas des problèmes d’identité? Est-ce que ça ne perturbe pas leur positionnement?

 Florent Teulé

« Fondamentalement, ils ont toujours été positionnés sur tous ces champs-là. L’émergence des musiques actuelles (pas seulement le rock & roll mais aussi les musiques traditionnelles, le jazz,

les musiques du monde, le hip hop etc) touche à quelque chose de fondamental chez l’être humain. Ça touche à la question de son rapport aux autres, de son rapport au monde. Donc, en existant (pour certains depuis 20 ans, pour d’autres depuis 50 ans comme l’UPCP Métive) les acteurs interrogent la société sur tous les champs d’intervention. Ce qui a changé aujourd’hui c’est la prise de conscience que les structures de musiques actuelles ont un impact sur l’emploi, sur l’insertion, sur le respect… Et cette prise de conscience a nécessité du côté des acteurs, de monter en compétences, du côté des collectivités, de considérer qu’ils sont légitimes sur l’ensemble des champs et de requestionner les projets en prenant conscience que chacun a une responsabilité… La révolution est peut-être là ».

Damien Morisot

« Il reste beaucoup d’acteurs, y compris au RIM, qui sont en situation d’extrême fragilité, en situation d’extrême précarité pour certains personnels dans les structures, donc ce n’est pas idyllique. Ce qu’on décrit là et ce qui fonctionne bien c’est la mécanique, pour autant la vie ou la survie des structures est toujours en permanence sur le fil »

Sylvain Cousin

« Le secteur de la musique devient aussi un levier fort d’attractivité des territoires, il est parfois vu comme un moyen d’améliorer le marketing territorial et l’image des collectivités, ce qui peut  parfois fourvoyer les objectifs initiaux comme la diversité culturelle…Quid des collectivités qui produisent elles-même de la culture en lieu et place des professionnels des musiques actuelles locaux? »

Victor Crespi, président du Coconut Music Festival

 

3ème partie – Médiation culturelle, quelles relations entre les structures d’accompagnement et les artistes?

Guillaume Chiron, curateur Éducation et Recherche au Confort Moderne

Olivier Péters, directeur de l’Ampli

Victor Crespi, président du Coconut Music Festival

4ème partie – Médias : quelle est leur place dans la médiation culturelle?

  • Top 40
  • Coopérations avec les acteurs
  • Médiation des musiques actuelles sur le territoire
  • Quelle place face aux mass médias?

Franck Cabandé, directeur de Beaub Fm et élu au CA du RIM

Hervé Le Roux, animateur à Radio R.I.G

Écoutez l’émission dans son intégralité ici :